Atomausstieg: Energie oder Macht?

Les bases mêmes de cette étude sont erronées. La question n’est pas de remplacer une énergie moyenne annuelle manquante de 80 TWh/an, mais bien de remplacer une puissance installée de plus de 4000 MW, soit de 6 centrales nucléaires (Mühleberg, Betznau, Gösgen, Leibstadt et aux 2 centrales françaises de Fessenheim et de Bugey). Rappelons que ce sont les investissements des compagnies électriques suisses, lors de la construction de ces deux centrales, qui frondent les fameux «droits de tirage sur l’électronucléaire français».

Cette puissance installée permet au réseau électrique national de disposer, à tout instant, d’une production d’électricité propre à assurer la consommation de pointe. En effet, en cas de pointe des pointes, il n’y a plus de courant disponible en surplus en Europe et certaines régions doivent être sorties momentanément du réseau. La Suisse par la réactivité exceptionnelle de sa production électro-hydraulique contribue à stabiliser ce réseau européen.

Pour mieux comprendre l’erreur, il convient de relever que la base permettant de définir la puissance du moteur à installer dans une voiture n’est pas la consommation moyenne annuelle, ni même la moyenne de la consommation d’essence lors d’un trajet (moyenne de l’énergie) mais bien la puissance nécessaire pour franchir les côtes et pour assurer les accélérations. Il en est de même pour le choix de la puissance d’une chaudière à installer dans une villa, on ne prend pas la valeur de l’énergie moyenne d’une année, mais bien la puissance nécessaire pour couvrir le jour le plus froid de l’année.

La puissance électrique à installer en remplacement des centrales nucléaire doit donc être en mesure de fournir l’énergie de pointe, à n’importe quel moment, qui est la seule référence pour le fonctionnement annuelle sans rupture du réseau électrique européen interconnecté.

Si cette confusion entre l’énergie moyenne en TWh/an et la puissance à installer est, à la rigueur, acceptable pour des politiciens, elle est surprenante de la plus grande institution Suisse d’enseignement et de recherche, de surcroît avec la grande tradition et la proximité que le connait avec la grande industrie du secteur de l’énergie.

Si la base de la stratégie proposée pour le remplacement de l’énergie annuelle produite par les centrales nucléaire est bien le photovoltaïque (un grande partie des 40 TWh/an), cette énergie sera produite en été et de jour, alors que la pointe se situe en hiver et de nuit !?

En ne remplaçant pas cette puissance la Suisse manquerait à son devoir de solidarité avec l’Europe et les autres pays lui feraient payer très cher, jusqu’à la rupture d’approvisionnement, ce manque évident de vision réaliste de son avenir énergétique.

Jacques-André Hertig, Chercheur émérite du Laboratoire des systèmes énergétiques de l’EPFL - 12.09.11

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